Homélie de Mgr Martin Waïngue Bani lors de la Messe Chrismale du mardi 16 avril 2019d

Bien chers frères et sœurs,

« Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Jésus-Christ, le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts, le souverain des rois de la terre ».

Nous célébrons à travers cette messe chrismale notre dignité de baptisés car par notre baptême, le Christ nous a délivrés de nos péchés pour faire de nous un peuple de rois, de prophètes et de prêtres pour Dieu son Père, un peuple chargé d’annoncer les merveilles de son amour. Cette messe qui réunit les prêtres du diocèse, les religieux, religieuses et fidèles laïcsautour de leur évêque, est une occasion d’exprimer notre identité d’Église, peuple choisi par Dieu à qui le Christ confie aujourd’hui sa mission de libération. En effet, prêtres et laïcs, nous sommes chacun, associés de manière particulière à la mission du Christ, Prêtre, Prophète etRoi.

Comme nous venons de l’entendre, c’est le Christ lui-même qui nous dévoile sa mission. En reprenant à son compte la prophétie d’Isaïe, il affirme : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération. » C’est cette mission de libération que nous sommes appelés de manière générale à y participer par notre baptême et de manière particulière par notre ordination sacerdotale, nous les prêtres.

Permettez-moi de m’adresser en premier lieu aux prêtres dont c’est aujourd’hui la fête car chacun d’entre nous se rappelle de son ordination, de sa consécration par l’Esprit Saint pour collaborer à la mission du Christ.

Chers frères dans le sacerdoce, tout en souhaitant à chacun de vous une bonne fête, je voudrais avec vous rendre grâce à Dieu pour le don du sacerdoce ministériel que le Christ a bien voulu partager avec nous. Comme nous venons de l’entendre dans l’évangile de Saint Luc, le Christ place son sacerdoce sous le signe du service. Le Christ ne s’est pas oint lui-même mais c’est Dieu qui l’a oint de l’onction de l’Esprit saint. Il ne s’est pas attribué lui-même la mission de libération pour laquelle il est oint mais c’est Dieu qui l’a envoyé porter la Bonne nouvelle de libération. Comme nous le savons tous, notre sacerdoce qui est participation au sacerdoce du Christ est un sacerdoce de service et plus particulièrement leservice du sacerdoce des fidèles comme nous l’enseigne le Concile Vatican II. Nous ne nous sommes pas oint nous-mêmes mais c’est Dieu qui dans sa grande miséricorde nous a choisiset consacrés par l’Esprit Saint à travers l’imposition des mains de l’évêque pour être au service de nos frères et sœurs. Durant ce temps de préparation aux fêtes pascales, les fidèles ont vu à travers les multiples activités que nous avons mené que nous sommes réellement à leur service :

Les retraites de carême, les confessions, les préparations au baptême, les différentescélébrations et autres. Nous sommes pris et avons encaissé fatigue, chaleur, surcharge pour apporter la consolation du Seigneur à nos frères et sœurs, pour les aider à grandir dans la foi. Réjouissons-nous malgré la fatigue, car la vraie joie du prêtre, c’est la joie qu’il éprouve en servant la communauté. Si nous perdons cette joie et pensons la trouver ailleurs, nous noustrompons et courrons le risque de faire l’expérience amère des joies éphémères. Je prie pour que le Seigneur nous renouvelle dans notre fidélité et dans notre engagement au service de Dieu et de son peuple.

Pour assumer de manière efficace et crédible notre mission d’annoncer la Parole de Dieu, de sanctifier le peuple de Dieu et de le guider avec amour et abnégation sur le chemin du salut, il nous faut demeurer uni au Christ, garder le lien de communion avec l’évêque et avec nos confrères prêtres.  

Chers frères dans le sacerdoce, rappelons-nous que sans une vie de prière et d’intimité avec le Christ, nous risquons à la longue de tourner en rond et de nous accrocher à quelque chose d’éphémère. Je le dis pour moi-même et pour vous. Quand c’est l’heure de la prière, sachons arrêter une activité si importante soit-elle ou interrompre un entretien si important soit-il avec un visiteur pour rejoindre un confrère qui nous attend à la chapelle pour prier. Personne ne pourra nous reprocher de le congédier pour aller prier car les gens savent que nous sommes des hommes de prière et nous ne faisons que notre devoir.  

Nous sommes configurés au Christ et nous devons nous efforcer de lui ressembler dans notre manière d’annoncer la Bonne Nouvelle, pas seulement en paroles mais à travers les actes. Le prêtre n’est pas un fonctionnaire quelconque qui fait carrière dans une profession ou qui, une fois faire son boulot, fait ce qu’il veut dans sa vie privée. L’onction que nous avons reçue nous marque au plus profond de notre être de sorte que tout ce que nous sommes et tout ce que nous faisons doivent être transparents et contribuer à faire de nous des fidèles intendants des mystères de Dieu.  Nous devons montrer aux fidèles par notre vie que nous croyons réellement à ce que nous annonçons, que nous vivons ce que nous enseignons, que nous nous efforçons à être en tout modèle du troupeau. En tout cas, détrompons-nous, il n’y a pas de vie privée pour celui qui est appelé à être au-devant de la scène. Malgré ses faiblesses, le prêtre est mis à part pour témoigner de l’amour de Dieu, pour défendre la dignité humaine, en particulier celle du pauvre. N’ayons pas peur de vivre notre consécration ou notre mise à part, même si cela implique sacrifices et renoncements. Le prêtre est un homme comme les autres certes et il doit être proche des gens, mais il est aussi différent des autres par sa consécration et s’il perd cette différence, il perd son identité.

Nous traversons un moment de l’histoire où la crédibilité du ministère presbytéral est mise à mal à cause de scandale des abus sexuels et des abus de pouvoir qui secouent l’Église. Nous ne pouvons pas rester indifférents en pensant que c’est le problème des autres et non le nôtre.

Au contraire nous devons nous efforcer à restaurer l’image du prêtre par notre manière de vivre et de nous comporter. Nous devons prouver que notre ordination ne nous donne pas le pouvoir de faire n’importe quoi sans que personne ne nous juge (c’est le cléricalisme dont dénonce très souvent le pape) mais plutôt elle nous confère la grâce de servir dans l’humiliténos frères et sœurs.

Enfin, le Christ nous a prévenu, c’est par l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaitra pour mes disciples. Notre ministère est un ministère de communion. Nous ne pouvons l’exercer que dans la coresponsabilité. Un prêtre a besoin de ses confrères prêtres pour exercer fidèlement son ministère. Que la fraternité sacerdotale fondée sur le liensacré de l’ordination sacerdotale ne soit pas un simple slogan pour nous mais une réalité : sachons cultiver l’unité et la charité fraternelle, c’est là notre force si nous voulons que notre ministère porte du fruit et si nous voulons que les fidèles croient à l’amour que nous leur prêchons.

Chers fidèles, je me tourne vers vous pour vous dire qu’avec vous nous sommes des baptisés, nous formons avec vous un peuple de prophètes, de prêtres et de rois. C’est du milieu de vous que nous avons été choisis pour être vos serviteurs. Je vous demande de continuer à prier pourvos prêtres, pour leur sainteté et si vous voyez un prêtre s’engager sur une mauvaise voie, ayez le courage de lui rappeler son engagement envers Dieu et avec son peuple. Je disais tout à l’heure que le prêtre trouve sa joie auprès de la communauté qu’il sert. Si vous chrétiensprenez au sérieux votre baptême et si vous vous efforcez à mener une vie chrétienne digne de votre foi, vous donnerez davantage plus de joie à vos prêtres. L’Esprit Saint que nous avons reçu le jour de notre baptême et de notre confirmation, donne à chacun d’entre vous un charisme particulier pour le mettre au service de l’Église. Mon rêve est que chaque baptisé comprenne et partage le souci de notre Église qui veut se prendre en charge et qu’il contribue par son service et par son apport à la faire grandir. Prions les uns pour les autres afin d’avancer ensemble sur le chemin de sainteté que le Christ nous a tracé.

Rendons grâce pour les huiles qui vont être bénies ce matin : Que l’huile des catéchumènesdont seront oints les candidats au baptême leur donne la force de lutter contre l’esprit du mal. Que les malades qui seront oints par l’huile dite des malades trouvent réconfort et soient soutenus dans leur foi au Christ et que les Saint Chrême donne à tous ceux qui vont être oints le jour de leur baptême, de leur confirmation ou de leur ordination la force et la grâce nécessaires d’être les témoins de la joie de l’Évangile auprès des hommes et des femmes de notre temps et en particulier auprès des plus petits. Amen

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